Alfred Hitchcock, es-tu là ? Non. Malgré les apparences, "Bunny Lake" est un film d'Otto Preminger, et sans doute l'un de ses plus réussis. Qui est donc Bunny Lake ? Une fillette qui disparaît avant le début de l'histoire et que sa jeune mère (Carol Lynley), visiblement fragile, se met en tête de retrouver par tous les moyens. Seulement voilà : plusieurs indices remettent en question l'existence même de Bunny, à commencer par la santé mentale de sa jolie maman. Nous n'en dévoilerons pas davantage, sinon pour signaler un climat qui gagne en inquiétude à mesure que le film avance. Le cinéaste filme un Londres blafard, riche en lieux insolites (la clinique de poupées : question) et brosse une belle galerie de personnages secondaires : policier sceptique (Laurence Olivier), dandy ambigu (Keir Dullea, avant "2001"), voisin libidineux (Noel Coward). L'incertitude est maintenue tout au long du récit, jusqu'à une scène finale proprement stupéfiante. Une très grande réussite dans le domaine souvent poussif du "thriller freudien".

Film vu il y a si longtemps (Clark était encore une ovule) - démence verbale, interprétation hénaurme d'Alexandre Arnaudy. Pagnol filme la parole comme un poulpe géant et proliférant. On a oublié les tenants et aboutissants de ce combat de cuisiniers provençaux. On se souvient juste que c'était jubilatoire.

« Hi Mom ! » est l’un des premiers cris cinématographiques du réalisateur Brian De Palma. Le film ne fait pas partie de ses grands films que sont Pulsions, Body Double, Phantom of the Paradise, l’Impasse, Scarface, etc. Il constitue néanmoins une curiosité de jeunesse sympathique, dans la veine contestataire et jubilatoire du début des années 70. On peut lui reprocher d’être un peu potache et trop facilement cynique par endroit, mais péchés de jeunesse sont à moitié pardonnés, « Hi Mom ! ».
On y trouve déjà certaines thématiques qui feront la marque De Palma, notamment le voyeurisme et la représentation, les deux faces du même rapport à la caméra qu’on soit derrière ou devant elle, tout ce qui fait que jamais la présence d’une caméra ne sera neutre : « le cinéma c'est 24 fois le mensonge par seconde » disait-il en réponse à Godard. « Hi Mom ! » annonce la réflexion ontologique sur le cinéma (et plus largement le rapport à l’image) que développera De Palma par la suite.
On y croise quelques figures bien sympathiques, Paul Bartel (vu dans Eating Raoul en semaine 7), Charles Durning (qu’on retrouvera dans Fury, Sisters et Scarface), et bien sûr Robert De Niro et Jennifer Salt (la question), 3 ans avant Sœurs de Sang (Sisters).

1986 fut une bonne année pour le cinéma français ; 2 grands films sont, en effet, sortis cette année là. Maine Océan de Jacques Rozier et Double messieurs de Jean-François Stévenin.
Outre une petite filmographie (pas beaucoup de films tournés par les deux hommes) ; les deux réalisateurs ont un goût commun pour les digressions ; pour de vagues intrigues qui laissent une liberté absolue à leur personnage, d’où cette impression de liberté qui émerge de ces deux films. Mais si Rozier privilégie un côté joyeux et picaresque, Stévenin est plus sombre et dérangeant.
Double messieurs démarre sur une rencontre : François (Stévenin) retrouve Léo (Yves Afonso) un ami d’enfance ; les deux hommes partent alors à la recherche d’un troisième larron ; Kuntchinski (dit le « Kuntch »). Dans leur périple, les deux amis tombent sur Hélène (Carole Bouquet) qu’ils décident d’enlever.
Bien entendu, les motivations des deux personnages restent secrètes. Mais au fur et à mesure que le film se déroule, un malaise s’installe du à l’immaturité des deux protagonistes qui ressemblent à deux gamins totalement irresponsables.
Double messieurs est un véritable OVNI, un film étrange et inclassable qu’il faut (re)découvrir.
Mention spécial au trio d’acteurs : Stévenin, Bouquet et Yves Afonso (question) vu aussi dans… Maine Océan !

Et voilà, tous les films de Wes Anderson ont été proposés au jeu Frcd ; en attendant le prochain ? (Prévu pour décembre).
Inutile de s’attarder sur Darjeeling que tout le monde a vu. On retrouve donc le style inimitable du cinéaste : un mélange de gravité et de burlesque, une mise en scène inventive et personnelle, une superbe photographie et des personnages attachants interprétés par des comédiens extraordinaires.
J’arrête les superlatifs, je ne dirais juste une chose : un film dans lequel il y a un superbe morceau des Kinks (This time tomorrow) ne peut pas être foncièrement mauvais !

Il fallait oser. On l'a fait. On goûte peu l'humour douteux d'OSS117 "moquons nous des racistes tout en les faisant hurler de rire". Par contre on est fan des conneries régressives de Brice de Nice, seul cousin frenchy convaincant du Zoolander de Ben Stiller. Vraiment drôle.

"Frenzy" est une anomalie dans l'œuvre hitchcockienne. François Truffaut avait qualifié "Marnie" de "grand film malade". On peut parler ici de "film dégénéré". Nous sommes au début des années 70, Alfred Hitchock vient d'enchaîner trois échecs — "Marnie", "Torn Curtain", "Topaz" — et pense avoir perdu la main. Il revient alors en Grande-Bretagne afin de tourner cette histoire d'étrangleur et de faux-coupable. Le scénario a peu d'importance en comparaison de ce qui se joue sur le plan esthétique : "Frenzy" est un manifeste de laideur grimaçante, qui se démarque radicalement de la beauté formelle des films précédents : personnages glauques, décors sordides et atmosphère poisseuse. Le point d'acmé du récit est un meurtre filmé à la manière d'une scène de porno. L'obscénité de "Vertigo" était implicite, celle de "Frenzy" est frontale et peut indisposer les estomacs fragiles : un gag récurrent montre d'ailleurs le policier chargé de l'enquête, avaler péniblement les plats infects de son épouse, férue de cuisine française (question). Pour toutes ces raisons — et à l'instar de M. Claude Chabrol —, je confesse une réelle admiration pour ce film totalement hors-norme. Suis-je normal, docteur ?

Cette horrible corvée des commentaires prend presque fin : je suis presque LIIIIIIIIIIIIIIIIIBBBBBBBRRRRRRRRREEEEEEEEEE. Mais avant deux mots de Inglorious Basterds, probable film de l'année. Couillu, bavard jusqu'à la folie, sadique et un poil déplaisant. Le nazi traite le strudel comme Tarantino ses personnages - une fois qu'il en a assez profité, à la poubelle. Malgré tout, on reste bluffé par la tension qu'il infuse à son histoire, étirant les dialogues jusqu'à provoquer une sorte de catalepsie chez son spectateur. Acteurs tous fabuleux - mention particulière au couple Mélanie Laurent/Daniel Brühl et trique d'or de l'année à Michael Fassbender, beau et bon partout, même dans Fish Tank, c'est dire... Ca y est. On est LLLLLLLLLIIIIIIIIIIIIIIIBBBBBBBBBRRRRRRRRRRRRREEEEEEEE !!!!!!!!!

Variation pré-My Fair Lady, Kitty offre un rôle en or pour la sublime Paulette Goddard, l'une des actrices les plus sexy du monde. Script vachard, direction artistique plus que soignée, ce film de Mitchell Leisen fera rêver toutes les pauvres filles en attente de prince charmant. On ne l'a pas revu depuis x années mais on parie qu'il agit aussi sur les blaireaux.

L'équipe des idiots avec (de droite à gauche) :

Xtof (couché), Miss Muir, Scalpaf, Doctor Slump (couché), Lylah Clare, Prince Mishkin, Clark.

Derrière la caméra : Mister Ké.