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05/05/24 22:21
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Semaine1
Folies d'Idiots
Il s'agit d'une semaine "Fantôme de la liberté"
La semaine 1 est terminée


score bêtisier
1
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Le Secret de la Pyramide (Young Sherlock Holmes) imdb
de Barry Levinson (1985)

Produit par Steven Spielberg, "Young Sherlock Holmes" est une excellente surprise et un film que je ne me lasse jamais de (re)voir. L'idée de départ est à la fois simple et géniale : Barry Levinson (réalisateur) et Chris Columbus (scénariste) ont imaginé la première rencontre du célèbre détective et de son biographe au moment de leur adolescence, dans le cadre d'une prestigieuse école londonienne. "Young Sherlock Holmes" est donc à la fois un pastiche très réussi des récits d'Arthur Conan Doyle, comprenant une intrigue policière et de multiples rebondissements, mais également un récit initiatique, qui introduit les futurs personnages et au cours duquel Sherlock Holmes devient Sherlock Holmes. Le film explique par exemple l'origine de son accoutrement et de sa vocation (indice n° 1). Artisan inégal, Barry Levinson a mis beaucoup de sensibilité et d'intelligence dans sa manière de conduire le récit : le film passe progressivement du burlesque féérique — les hallucinations pâtissières de Watson (image de référence) — au romantisme crépusculaire des scènes finales. Un mot enfin sur le rôle-titre : l'acteur Nicholas Rowe (indice n° 2) incarne le héros en devenir avec beaucoup de subtilité. PS : Si vous regardez le film, il faut rester jusqu'au bout. Les auteurs ont ménagé un "twist" surprenant après le générique de fin.

Prince Mishkin
2
Quel film ?
3 pt.
*
2 pt.
1 pt.
* Format IMDb : 2.35:1
Kingpin imdb
de Farrelly brothers (1996)

Deuxième film des frères Farrelly (après Dumb and Dumber et avant Mary à tout prix) ; Kingpin est mystérieusement resté inédit en France. Peut-être que les distributeurs, frileux, ont eu peur qu’un film sur le bowling ne fasse pas recette par chez nous.
Pourtant, Kingpin est une vraie réussite et combine tout ce qui fait le talent des deux frangins : un humour trash et régressif, souvent irrésistible ; mais aussi, un amour profond et sincère pour leurs personnages.
Impossible de ne pas être touché par les tribulations de ces trois pieds nickelés (une ancienne gloire du bowling, un amish naïf et une jolie arnaqueuse) qui se retrouvent embarqués ensembles à la recherche d’argent. Les personnages ne seraient attachants sans le talent des acteurs ; et ici nous sommes comblés grâce à l’excellent Woody Harrelson (mais pourquoi on ne le voit pas plus souvent ?) dans un rôle à contre-emploi, Randy Quaid (indice 1, sur le trône) et Vanessa Angel. N’oublions pas non plus Bill Murray (indice 2) parfait dans le rôle d’une ordure.
Pour terminer, j’aimerais signaler une bande son impeccable avec, notamment, l’utilisation d’une excellente chanson d’Electric Light Orchestra (dont le Mr Blue Sky fait les joies d’un célèbre opérateur téléphonique), Showdown.

Clark
3
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Secret Sunshine (Milyang) imdb
de Lee Chang-dong (2007)

Hurlement du joueur échaudé ! Des caractères asiatiques, une chevelure de jais, un faciès hummm un rien bridé, a-t-on affaire ici à une ninja lesbienne en mal de représailles fourbissant un broyage fatal de testicules, autrement dit, serait-ce le retour de la malédiction Kukaï ? On trrrrrreeeeeemble, eh bien, non !, puisqu’il s’agit d’un film coréen magnifique « Secret Sunshine » justement primé à Cannes en 2007 par l’intermédiaire de sa sidérante comédienne Do-Yeon Jeon. Le metteur en scène du beau Peppermint Candy, Lee Chang-Dong, y suit les déboires d’une jeune veuve avec enfant qui essaie de rebondir en changeant de vie et va connaître d’effroyables turbulences. Faux mélo dérapant dans l’étrange ou le grotesque, Secret Sunshine ménage des twists ahurissants qu’il fait passer comme une lettre à la poste (la scène du parloir - indice 2). La très grande force du film est de ne jamais recourir à l’édifiant ou à l’emblématique, et de montrer que la trajectoire de son personnage féminin, pour effarante qu’elle soit, n’est porteuse de rien et ne vaut que pour elle-même. On admirera aussi cet acteur merveilleux, Kang-Ho Song, parfait dans son rôle d’amoureux transi. Alors que je cherchais à rendre compte de l’émotion particulière que dégage le film, je tombe, hasard béni, sur ces lignes du Journal de Kafka :« Quand tout semble fini, voilà pourtant encore que te viennent des forces nouvelles : cela veut dire, justement, que tu vis ». Un parfait incipit pour Secret Sunshine.

Xtof
4
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Straight to Hell imdb
de Alex Cox (1987)

L'origine de ce film est — curieusement — une tournée qui n'eut jamais lieu. Suite à une annulation de concerts au Nicaragua, le cinéaste britannique Alex Cox — un grand fan des westerns spaghetti de Sergio Leone et des aventures de Django — profita de la réunion des Pogues, du grand Joe Strummer, d'Elvis Costello et d'autres amis pour écrire (en quelques jours), puis tourner (en quelques semaines) cette "histoire de sang, d'argent, d'armes à feu, de café et de tension sexuelle" dans les décors mythiques de l'ouest du désert d'Almeria.

"Straight to Hell" n'est rien de plus qu'une blague de potache, mais son casting "rock'n'roll" — incluant Courtney Love dans un petit rôle —, ainsi que les caméos de Jim Jarmusch, Dennis Hopper ou Grace Jones, parviennent à lui donner un statut de film culte.

Doctor Slump
5
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Viva Maria ! imdb
de Louis Malle (1965)

"Viva Maria !" est, avec "Zazie dans le Métro", l'une des rares tentatives chez Louis Malle d'investir le champ de la comédie. Les deux films sont d'ailleurs très différents : Zazie vise un burlesque inspiré de Tex Avery, tandis que Viva Maria ! organise la fusion de deux univers a priori très éloignés : la comédie musicale et le film d'aventures, soit — pour aller vite — la rencontre d' "Il était une fois la Révolution et des Demoiselles de Rochefort".Une terroriste irlandaise, Mary (Brigitte Bardot) fuit l'armée anglaise et se réfugie dans un cirque itinérant. Là, elle se lie d'amitié avec Marie (Jeanne Moreau) une artiste, qui lui propose un spectacle de chant à deux voix. Leur association devient vite un numéro d'effeuillage, à la grande joie du public masculin (indice n° 2),mais les duettistes et leurs partenaires ont rendez-vous avec l'Histoire. En traversant le San Miguel, petit pays d'Amérique du Sud, elles se heurtent à la dictature et prennent la tête d'une Révolution. Aux influences citées plus haut, on peut ajouter un hommage discret mais essentiel au cinéma de Luis Buñuel, mêlant des gags surréalistes à un athéisme radical (image de référence).On remarque d'ailleurs que Jean-Claude Carrière a participé à l'écriture du scénario et qu'il allait par la suite devenir les scénariste attitré du cinéaste espagnol. Nous citerons enfin la présence de Claudio Brook (indice n° 1), qui fut un bel acteur buñuelien ("L'Ange Exterminateur", "Simon du désert") et dont l'élégante silhouette longiligne anticipe celle du Sean Mallory de sergio Leone.

Prince Mishkin
6
Quel film ?
3 pt.
*
2 pt.
1 pt.
* Format IMDb : 1.85:1
La Rage au coeur (To Sleep with Anger) imdb
de Charles Burnett (1990)

Ce film de Charles Burnett nous dépeint une famille de la classe moyenne noire américaine, qui vit paisiblement à Los Angeles : le père, retraité qui élève des poulets, et sa femme tentent de préserver les traditions du vieux Sud rural (idéalisé) dont ils sont issus et de les transmettre à leurs deux fils, tous deux mariés. Un jour, un ancien ami du père, arrivant justement de ce vieux Sud, fait irruption dans leur maison et dans leurs vies (Danny Glover, indice 2), au départ timidement puis en prenant rapidement ses aises. Cet homme, Harry, souriant et charmeur, a des aspects plus sombres et menaçants. Il croit à des superstitions d'un autre âge (indice 1). On ne sait pas vraiment les buts qu'il poursuit, mais il sème assez rapidement la discorde dans ce foyer qui ressemblait initialement au "Cosby Show". Et puis, que penser du maître de maison qui tombe brutalement malade, avec une évolution apparemment inéluctable ? Le passé de Harry révèle lui aussi des zones d'ombre inquiétantes... Est-il un fauteur de trouble ou serait-il le Mal incarné ?
Le cinéaste explore ici le processus d'envahissement mortifère d'une famille quasi-organique par un corps étranger, qui en révèle les malaises sous-jacents. Le film joue sur les oppositions : monde urbain et moderne contre monde rural et tradition, en mêlant atmosphère onirique, humour, parfois tendresse, mais aussi des moments de forte tension. Il ironise aussi sur l'image très ripolinée de la famille afro-américaine bourgeoise modèle. Le dénouement est très drôle compte-tenu de l'une des caractéristiques de Harry...
La subtilité du scénario, la consistance roborative du film et l'épaisseur des personnages font regretter que Burnett n'ait pas rencontré la notoriété qu'il méritait.

Lylah Clare
7
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Soyez sympa, rembobinez (Be kind rewind) imdb
de Michel Gondry (2008)

"Be kind rewind" a la qualité de l'hommage, de l'adieu à un monde qui a disparu, balayé par la vague digitale. Les vieilles bandes vidéo — à l'instar des disques vinyles et des cassettes audio — étaient des objets tangibles. Elles s'usaient et mouraient progressivement à mesure qu'on les utilisait : une caractéristique qui envahit par moments le film de Michel Gondry et déforme l'image.

On trouve également ici quelque chose de l'esprit punk, du système D, avec ces films "suédés" (découverte géniale!). Le "Ghostbusters" original n'aura jamais la qualité de son remake.

Doctor Slump
8
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Venus in Furs/Paroxismus imdb
de Jesus Franco (1969)

Inutile de présenter Jesus Franco, roi du cinéma bis ; l’homme à la filmographie de plus de 150 films.
La récente rétrospective à la cinémathèque (incomplète, bien sur !) a permis de découvrir de belles pépites. C’est le cas de Venus in Furs. Sur une trame proche de Lost Higway où un saxophoniste est hanté par le souvenir d’une femme morte sous ses yeux ; Franco s’amuse à mélanger ses thèmes de prédiction que sont sadisme, érotisme et violence meurtrière. Mais, ce qui fait l’intérêt de Venus in Furs ; c’est que le père Franco pète complètement les plombs et nous livre un objet étrange et unique.
Le film vire à l’expérimentation avec, notamment, un passage qu’on croirait tourné sous hallucinogène avec une image qui vire au rouge, bleu,vert (cf question).
Venus in Furs bénéficie aussi d’une mise en scène inspirée et soignée ; ainsi, les scènes de meurtres font penser à un Dario Argento au meilleur de sa forme.
Ajoutons à cela, la belle interprétation de Maria Rohm (indice 1) et la présence d’un habitué des films de Franco : Klaus Kinski (indice 2).
J’en profite également pour signaler un ouvrage remarquable sur le cinéaste espagnol, Jess Franco : Energies du fantasme, par Stéphane Du Menisldot.

Clark
9
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Le temps s'est arrêté (Il tempo si è fermato) imdb
de Ermanno Olmi (1959)

Premier long métrage de Ermanno Olmi situé à la croisée de plusieurs chemins. Un peu entre la fiction et le documentaire, entre la ruralité (le noir et blanc, la montagne, le reclus monacal) et la modernité (le cinémascope, l'électricité, le collègue qui vient de la ville) ... Deux hommes que tout oppose, se retrouvent à devoir surveiller ensemble un barrage hydroélectrique en pleine montagne. Pour le plus âgé, solitaire et bourru, cette activité et son corollaire montagneux constituent son quotidien érigé en art de vivre (indice 1). L’autre, jeune étudiant, fraîchement moulu et citadin, cherche juste à gagner un peu d’argent de poche en ne s’ennuyant pas trop (question). C’est le début d’une amitié simple, où chacun se regarde, dans l’instant, sans passé ni lendemain (indice 2). Rarement la simplicité des attentions et des sentiments n’aura été aussi touchante. Porté par un dispositif minimaliste et 2 acteurs amateurs incroyables, « Le temps s’est arrêté » m’est apparu comme un îlot de jouvence cinématographique …

Scalpaf
10
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
La solitude (La Soledad) imdb
de Jaime Rosales (2007)

Coincé entre l’intrigant premier film de Jaime Rosales sur un serial-killer « par hasard « (Les Heures du Jour) et son troisième - Un Tir dans la Tête - docu-fiction autour d’un méfait de l’ETA arty jusqu’au grotesque, la Soledad réussit le tour de force d’être un film de pure mise en scène aussi bien qu’un film d’actrices. Deux femmes - l’une mûre, l’autre pas (Petra Martinez et Sonia Almarcha, toutes deux exceptionnelles)- prennent chacune une très mauvaise décision dont les répercussions saperont les fondations même de leurs vies.[/font]
Dans ce grand film inquiet et inexorable à la fois, Jaime Rosales remet au goût du jour une figure de style cinématographique assez marquée, le split-screen, qu’il réinvente totalement. Vision double sur une même scène ou captation simultanée d’un montage parallèle, le split-screen a souvent à voir avec le suspense. Son utilisation privilégie ici les plans d’intérieurs vides ou des échanges fleurant le banal. De prime abord, on peut trouver cela excessivement « art et essai ».; le procédé, pourtant fécond sur la longueur, permet à Rosales de montrer ce qui sourd du quotidien - la force de vie, l’angoisse, l’opacité absolue des choses et des êtres. Le film culmine avec tout simplement l’une des plus grandes séquences de la décennie - un ultime moment de solitude filmé comme on ne l’a jamais vu nulle part et comme on ne le verra plus.
Sorti l’année dernière dans une indifférence polie, La Soledad a eu à pâtir du crédit injustifié accordé au même moment à Un Conte de Noël, cette antithèse absolue, alambiquée et tête à claque qui sous couvert de mythe ne parle au fond ni de personne, ni de rien. La famille chez Desplechin, c’est, à grands coups de tirades interminables en stuc, un croisement affreux entre l’antique verbeux et le mauvais théâtre de boulevard. Chez Rosales, au contraire, c’est du temps qui passe, des espoirs déçus, des non-dits, la respiration profonde des films d’Ozu transplantée dans une Espagne exempte de tout folklore..
Récemment loué par quelques critiques chevronnés - dont Luc Moullet qui y voit un film important - La Soledad est le geste de cinéma le plus discret, le plus radical et le plus impressionnant depuis Gerry de Gus Van Sant.

Xtof
11
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express (The Seven-Per-Cent Solution) imdb
de Herbert Ross (1976)

L'idée de départ de "The Seven-Per-Solution" est passionnante : Sherlock Holmes (Nicol Williamson) ayant sombré dans la toxicomanie, son ami et biographe, le docteur Watson (Robert Duvall), décide de l'envoyer à Vienne se faire soigner par un praticien aux méthodes révolutionnaires. Or, le médecin en question n'est autre que Sigmund Freud (incarné par l'excellent Alan Arkin. Les trois acteurs sont réunis dans l'indice n° 2). Confronté au père de la psychanalyse, le célèbre détective fera ressurgir un terrible souvenir d'enfance, mais parviendra également à déjouer une machination visant la belle Lola Deveraux (Vanessa Redgrave). Soyons honnêtes, le film déçoit un peu, car il n'exploite pas la richesse potentielle de son sujet. Tel quel, "The Seven-Per-Cent Solution" est un film d'aventure agréable, s'achevant sur une séquence de poursuite ferroviaire très réussie (indice n° 1), mais il n'a pas la beauté mélancolique du chef-d'œuvre wilderien, "The Private Life of Sherlock Holmes". Malgré ces réserves, on retiendra un récit sans temps mort, une interprétation impeccable et surtout une magnifique scène de guet-apens dans un manège (image de référence).

Prince Mishkin
12
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Les contes des chrysanthèmes tardifs (Zangiku monogatari) imdb
de Kenji Mizoguchi (1939)

A travers une morphologie de conte, tant sur le plan narratif – relativement linéaire – que formel – notamment par une distance constante entre la caméra et les personnages –, Mizoguchi développe une histoire simple d’apparence très classique. Mais son cinéma est souvent inversé, en fait plutôt dual. Le « conte » est la partie mythifié de l’histoire, celle qui restera dans la mémoire collective et qui sera transmise ensuite de génération en génération, le domaine de l'apparence. Ici en quelques mots, le difficile apprentissage de l’artiste confronté à son art (ici le théâtre, indice 2), son rapport à ses pairs (ici organisés en caste), jusqu'à son triomphe. Les « chrysanthèmes tardifs » représentent la partie « ressentie » et intériorisée de l’histoire : le mélodrame. Ici pour faire vite, l’amour impossible et le sacrifice de l’être aimée .... Ce n’est pas faire injure au film de Mizoguchi que d'évoquer une partie « masculine » et une partie « féminine » de l’histoire, quand on connaît sa sensibilité pour la place des femmes dans la société patriarcale japonaise. A côte de lui, Almodovar, c’est de la roupie de sansonnet (je n’ai rien contre les sansonnets). J’ai choisi la photo de la question pour la femme et les chrysanthèmes en arrière-plan (vous les aviez vus au moins !?)
Je ne m'étendrai pas sur la maîtrise formelle de Mizoguchi. Tout ça est bien mieux dit dans les articles et bonus consacrés au film. Juste une petite allusion quand même à travers l’indice 1, extrait d’un plan-séquence époustouflant, travelling filmée en contre-plongée se déroulant tel un parchemin …

Scalpaf
13
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Nosferatu, Fantôme de la nuit (Nosferatu: Phantom der Nacht) imdb
de Werner Herzog (1979)

Question un peu vacharde, quand même. Elle ne se trouve pas sur la BO du film. Mais certaines équipes ont trouvé d’emblée !
Cette belle musique d’un groupe géorgien enveloppe certaines scènes de "Nosferatu".
Ce film résolument halluciné de Werner Herzog, qui, lui-même…, revisite le bon vieux mythe de Dracula, en prenant le film de Murnau comme modèle.

S’inspirant du mouvement « Sturm und Drang », mouvement précurseur du romantisme, un peu l’équivalent du mouvement gothique anglais, le film, dont le grotesque n’est pas absent, offre toute une série de plans magnifiques, qu’il s’agisse de restituer le décor d’une nature grandiose, la morbidité de la poésie romantique, ou l’étrangeté nocturne de situations incongrues. La lenteur hypnotique de l’ensemble nous submerge lentement, nous nous laissons envahir par les ténèbres. Au risque d’être sacrilège, je dois avouer une prédilection coupable pour ce "Nosferatu"-ci par rapport à la version de 1922.

Là où Max Schreck ne faisait « que » peur, et où Christopher Lee, Frank Langella, puis ultérieurement Gary Oldman la jouent séducteur dans l’âme, Kinski est pathétique. Il emporte le morceau par un sens aigu de la démesure, certes, mais aussi par une mélancolie profonde, quasi dépressive. Sa fin est d’ailleurs filmée comme un suicide. Cette morbidité imprègne d’ailleurs au fur et à mesure tous les personnages, sauf Renfield (génial Topor – indice 2), mais c’est normal : il est fou.

Enfin, les scènes de propagation de la peste, amenée par les rats des cales du bateau-fantôme (meuh non, pas la grippe porcine, malgré l’indice 1), sont magnifiques : la population se met à se comporter de façon joviale et humaine, pour partager un dernier banquet. Ces scènes sont irréelles, en apesanteur, comme vues à travers le prisme d’un regard fiévreux et vague, déjà un peu absent du monde.

Lylah Clare
14
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Les chansons d'amour (Les chansons d'amour) imdb
de Christophe Honoré (2007)

MON film de l'année 2007. Rarement un film m'a à ce point touchée, un peu comme si Christophe Honoré l'avait réalisé exclusivement pour moi. C'est vrai que tout était fait pour me parler : il se passe dans le 10e, à 100 mètres de chez moi, un peu plus bas dans ma rue, et il parle de la perte d'un être aimé, déchirure terrible que j'ai vécue à l'adolescence. Si vous ajoutez les chansons splendides d'Alex Beaupain, et les acteurs magnifiques, avec une mentions spéciale pour Louis Garrel (pas du tout le personnage tête à claque de « Dans Paris »), Chiara Mastroianni et le délicieux Grégoire Leprince-Ringuet, vous obtenez un film magique, qui m'est allé droit au cœur. Que demander de plus ?

Mrs Muir
15
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Vivement dimanche! (Vivement dimanche!) imdb
de François Truffaut (1983)

Pas le plus grand Truffaut, certes, mais le dernier et pour moi une sacrée madeleine. Julien Vercel (Jean-Louis Trintignant, toujours sublime), soupçonné du double meurtre de sa femme et de son amant (indice 1), se cache dans la cave de son agence immobilière pour échapper aux flics et prouver son innocence. C'est sa secrétaire Barbara (jouée par Fanny Ardant) qui va donc mener l'enquête à sa place, pendant qu'il patiente dans sa cachette, admirant au passage les jambes de Fanny Ardant dans une scène truffaldienne à souhait (question). Ce polar tourné dans un noir et blanc classique bouleverse en réalité les codes du film noir en donnant la vedette au personnage féminin de Barbara, qui se révèle fine, pétillante, drôle et intrépide. Une grande réussite !

Mrs Muir
16
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Le petit fugitif (Little fugitive) imdb
de Ray Ashley et Morris Engel (1953)

Tourné cinq ans avant Les 400 coups par un réalisateur issu du photo-journalisme, Le petit fugitif est une œuvre rare, pour ma part découverte cette année seulement à l'Archipel, très bon petit cinéma d'art et d'essai du 10e arrondissement. On y découvre le petit Joey, gamin malicieux de 7 ans, élevé avec son grand frère Lennie par une mère célibataire. Persuadé d'avoir tué son grand frère d'un coup de carabine (indice 1), le petit Joey bouleversé fugue et s'enfuit à Coney Island, où il va rapidement oublier son malheur, pris dans un tourbillon de jeux, manège, sucreries et ballades de poney. Malin et débrouillard, le petit Joey trouve une combine pour récupérer sur la plage (question : Joey marchant sous la jetée) les bouteilles consignées lui permettant de garnir son porte-monnaie rapidement vidé par les plaisirs sans fin de la fête foraine (indice 1 : le soir tombant – scène représentée sur l'affiche du film). Tourné à hauteur de vue de ce petit diablotin de 7 ans, proprement irrésistible, ce film réaliste et plein d'énergie est un véritable bonheur, pour les petits et les grands.

Mrs Muir
17
Quel film ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Reefer Madness (Reefer Madness: The Movie Musical) imdb
de Andy Fickman (2005)

Au départ, Reefer Madness est un film de propagande réalisé par Louis Joseph Gasnier en 1936 ; son but est de mettre en garde la jeunesse américaine contre les méfaits de la consommation de marijuana.
Puis, Reefer Madness deviendra une comédie musicale à succès avant de réapparaître au cinéma sous la direction d’Andy Fickman. Reprenant la trame du premier film - un jeune naïf se fait embobiner par un gangster peu scrupuleux et découvre les plaisirs de la Marie-Jeanne mais voit sa vie partir en sucette - Reefer Madness est un joyeux bordel mélangeant la comédie musicale (beaucoup de chorégraphies et de chants), le film d’horreur (les zombies, cf question) et le teen-movie.
Ce cocktail détonnant donne un objet jouissif et drôle où l’on croise : Jésus (indice 1), Jeanne D’Arc, Roosevelt, l’oncle Sam et même Roméo et Juliette. Mais surtout, Reefer Madness détourne complètement le message du premier film (la drogue c’est mal !) pour devenir un hymne à la liberté et au politiquement incorrect.
A noter également, l’excellente interprétation de tous les acteurs ; parmi lesquels on croise Kristen Bell et Neve Campbell (dans une toute petite apparition, indice2).

Clark
18
Quelle émission ?
3 pt.
2 pt.
1 pt.
Cinéma Cinémas imdb
de Mounir Dridi (1982)

Nostalgie, nostalgie ? Cinéma, Cinémas… Au cœur des années 80, la cinéphilie adolescente se formait avec cette magistrale émission hebdomadaire diffusée sur Antenne 2 – interviews de dinosaures hollywoodiens en voie d’extinction, portraits décalés, archives tirées du néant. Exhumé des tiroirs de l’INA, un florilège publié sur DVD rappelle opportunément que cet OVNI télévisuel fut la plus belle émission jamais consacrée au 7ème art. Le cinéma selon Andreu, Boujut et Ventura, c’est un pays de cocagne saccagé par l’homme moderne, une forêt en flammes, un trésor pillé, d’où une dominante élégiaque qui sous-tend la plupart des sujets (le beau « Welles déjeune avec la critique » où, entre deux plans du banquet de Citizen Kane, le géant épuisé refuse le fromage devant un auditoire qui préfère manger plutôt que l’écouter). On se rappelle aussi le bouleversant voyage sur les traces de l’acteur du Voleur de Bicyclettes ou la rosserie de la si belle et agaçante Dominique Sanda jugeant sur photos des metteurs en scène connus ou inconnus. Cinéma, Cinémas, c’est aussi l’un des grands ancêtres du jeu FRCD avec son habillage inégalé propice à de multiples interrogations cinéphiles :
- le thème passionné et lacrymal du générique ? La partition de Franz Waxman pour Une Place au Soleil
- les scènes de tournages dessinées par Peellaert ? Sur les Quais, La Mort aux Trousses, La Dolce Vita, on en passe…
- le cri de la femme qui « don’t wanna diiiiiiiiiiiiiieuuuh »? Rita Hayworth à la fin de la Dame de Shanghaï
- le gimmick des portes ouvertes par un homme pressé en imper qui servait de lien entre chaque sujet ? Alphaville de Godard (tiens d’ailleurs, une petite déception quant à l’édition DVD : avant le démarrage des sujets, chacune des portes ouvertes montrait des plans de films proprement sans nom, comme si Eddie Constantine dérangeait brusquement une projection. Cette belle idée n’a pas été retenue ici - question de droits ?)
En attendant, nous autres Idiots, on est très Cinéma, Cinémas, un sous-titre qui ornerait parfaitement notre jolie session.

Xtof
à Kronos...