Personnage sulfureux, dandy, coureur de jupons ; Gégauff fascinait les jeunes loups de la Nouvelle Vague. Auteur de romans, Gégauff fît son entrée dans le monde cinématographique grâce à Claude Chabrol avec lequel il collabora comme scénariste et dialoguiste. On retrouve le cynisme de Gégauff dans les premiers Chabrol comme par exemple Les bonnes femmes ou bien Docteur Popaul (cf indice 2). Gégauff trouva la célébrité en co-signant le scénario de Plein soleil de René Clément (indice 1) avant de terminer sa carrière en participant à des nanars tels Frankenstein 90 ou bien Brigade mondaine.
Celui qui fut qualifié de « Brian Jones de la Nouvelle Vague » par Bernadette Laffont termina sa vie tragiquement : Paul Gégauff mourut assassiné par sa jeune compagne.
Lors d’une dispute, il aurait déclaré à celle-ci:« assassines-moi si tu veux mais fous moi la paix ! ».
Un petit mot sur la question ; le photogramme est tiré d’Une partie de plaisir ; film méconnu et magnifique de Claude Chabrol dans lequel joue Gégauff (le film est en grande partie autobiographique), sa femme et sa fille. A découvrir.

Découvert en visitant l'exposition Kiarostami/Erice à Beaubourg, Lifeline a pour toujours marqué nos esprits - comment fait-on pour dire autant avec si peu ? En 10 minutes montre en main, Erice parle de la condition humaine, de son pays aux heures sombres, d'une société encore agricole figée dans un présent rien moins qu'éternel, de vie, de mort, de femmes qui sauvent ou qui dorment, d'enfance, d'âge mûr et de vieillesse, de loisir et de travail et par dessus tout du temps qui passe si lentement comme le sang coule d'un ombilic mal cicatrisé (indice 1). Beau et fort à pleurer.

Étrange cinéaste que Dimitri Kirsanoff. Il a commencé dans l’Avant-Garde avant de terminer sa carrière par Miss Catastrophe (avec Micheline Dax !) ou Ce soir les jupons volent (avec Sophie Desmarets !). Les deux films les plus célèbres de Kirsanoff tirés de sa première période sont le magnifique Rapt et Ménilmontant.
Ménilmontant s’inspire beaucoup du mélodrame avec ses histoires de meurtres, de folies ; le tout prenant comme cadre un Paris populaire. Le plus hallucinant reste son montage presque épileptique (le film est très découpé) donnant une dynamique et une violence incroyable.
Même aujourd’hui, le film de Kirsanoff semble en avance sur son temps (impossible d’oublier certaines images). Je recommande le film aux admirateurs de Maya Deren, de Jean Epstein ou plus récemment de Philippe Grandrieux qui s’est pas mal inspiré des trouvailles de Kirsanoff.
A noter la présence de Nadia Sibirskaïa, muse du cinéaste ; pour la petite histoire, c’est après la rupture avec son actrice fétiche que Kirsanoff s’est mis à faire des films moins bons, voir sans intérêts.

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Voilà une bonne quinzaine d’années que Chabrol a entamé sa dernière période « télévisuelle » d’une qualité assez proche des Renoir terminaux – soit très très très mineurs malgré, ça et là, quelques réussites éparses (la première moitié de la Demoiselle d’Honneur, le couple Depardieu/Bunel dans Bellamy). Par un paradoxe éminemment chabrolien, son film le plus cinématographique de la décennie, et partant le meilleur, se trouve être une modeste réalisation télévisuelle d’une demi-heure, la Parure, adaptée du chef-d’œuvre absolu de Maupassant. On aurait honte de déflorer ce récit d’une perfection suffocante à ceux qui ne l’ont pas lu, alors qu’il ne nous dérange en rien de spoiler les navets de concours agricoles – (ex : Penn zigouille le gogol à la fin de Mystic Tanche, ah ah ah !!! - rire démoniaque). Disons juste que la Parure est une variation bovaryenne en forme de conte cruel dont Chabrol réduit la sauce existentielle au profit d’un naturalisme à la fois cheap et tranchant (les scènes avec le bijoutier, le chef de service, la bonne). Les dialogues sont exceptionnels - certaines répliques mériteraient de passer à la postérité (« Je n’ai pas l’honneur d’être l’un des vos amis » lancé par l’usurier). Quant aux acteurs, ils ont rarement été meilleurs : Thomas Chabrol est sublime en mari dépassé par les événements et Cécile de France parvient à jouer la stupidité et le conformisme d'une bécasse qui s'est rêvée pie tout en rendant son personnage profondément émouvant. Peut-être pour la dernière fois dans sa vie de cinéaste, Chabrol filme les conventions meurtrières avec une cruauté qui n'exclut pas l'empathie. Magnifique.

Doppleganger est sorti directement en Dvd ; étonnant pour un film qui est largement supérieur à son prédécesseur, le très ennuyeux Jellyfish, qui a bénéficié d’une sortie sur les écrans ; mystère de la distribution…
Inutile de résumer ce film assez bordélique où un ingénieur travaillant sur une chaise révolutionnaire (cf indice1) rencontre son« Doppleganger » ; son double maléfique (cf indice 2). Kurosawa aime le mélange des genres ; le film débute sur une sorte de récit horrifique et se termine sur un road-movie sentimental. Ce qui frappe dans Doppleganger c’est toujours cette mise en scène intelligente où chaque plan est remarquablement composé faisant cohabiter réel et irréel. La grande force de Kurosawa, c’est d’imposer un univers fort dans lequel le spectateur se trouve emporté (Kurosawa est un remarquable conteur). Le cinéaste japonais multiplie les effets (de nombreux split-screen) sans tomber dans la démonstration tant la forme et le fond sont liés.
Pour interpréter le héros et son double ; Kurosawa fait appel à son acteur fétiche, Kôji Yakusho, qui livre une composition tout en nuance.
Le très prolifique Kiyoshi Kurosawa a sorti cette année le magnifique Tôkyô Sonata (à voir absolument) ; assez proche de Doppleganger dans sa construction.

Fernando Fernán Gómez est l'une des figures clés du cinéma et du théâtre espagnols. Acteur, scénariste, écrivain et réalisateur pendant près de sept décennies, il a configuré, comme peu d'autres, le paysage culturel d'un pays.

"El viaje a ninguna parte" est un parfait exemple de son talent et sa polyvalence: il scénarise, réalise et interprète son propre roman. On l'accompagne dans les années d'après-guerre, avec un groupe de comédiens ambulants qui vont visiter les villages le long des routes, en essayant de porter le rire dans leur sillage avec leur humbles pièces... et de calmer leur faim. Mais c'est un métier qui est sur le point de disparaître, remplacé par le cinéma avec lequel il rivalise sans succès.

La tragi-comédie de ces personnages est racontée par l'un d'eux déjà en maison de retraite, aux prises avec sa mémoire défaillante. Tandis que son histoire progresse, nous prenons conscience que les faits ne se sont pas passés comme il s'en souvient. Ainsi, "El viaje a ninguna parte", en plus du portrait d'une époque, d'un hommage à un monde qui est perdu, il devient aussi une réflexion sur le mensonge et la création.

Cinéaste tourmenté, Minnelli a souvent épanché son hystérie latente dans la comédie musicale, genre plus forcément très à la mode. Avec le temps, un auteur cousin comme Sirk est devenu un classique alors que Minnelli, bon an mal an, intéresse beaucoup moins de monde (n’est-ce pas, Clark ?). Fleuron méconnu de sa filmographie bien qu’énorme échec critique et public, Yolanda et le Voleur ne ressemble pas à grand-chose, ce qui est déjà une qualité. Dans un pays sud-américain d’opérette, un escroc en fuite tente d’abuser une pieuse oie blanche en se faisant passer pour son ange gardien. Il va réussir au-delà de ses espérances et tomber à son propre piège. L’idée géniale de YELT est d’avoir donné le rôle du filou à Fred Astaire, acteur dont la laideur insigne est compensée par l’invraisemblable grâce qui nimbe ses pas de danse jusqu’au moindre de ses gestes. Dans ce rôle double, il fait merveille au milieu des pompes habituelles de la MGM, comme si le décorateur et le chef-op’ découvraient de concert les joies du LCD naissant. On conseillera tout particulièrement le ballet cauchemardé par son personnage, vingt minutes magistrales dont sont extraits les indices 1 et 2.

Mikio Naruse est un cinéaste féministe et beaucoup de ses films suivent les trajectoires complexes de femmes japonaises cherchant à s’émanciper. « Quand une femme monte l’escalier » n’échappe pas à la règle. Geisha criblée de dettes, Hideko Takamine (indice 1) veut changer de vie mais le peut-elle ? Les habitudes, la pression sociale ainsi qu’un amour impossible l’en empêcheront-ils in fine ou l’espoir luit-il au bout du chemin ? Bon, comme on est chez Naruse, j’ai ma petite idée (en plus, j’ai vu le film, banane !). Tordons toutefois les préjugés : et si, à sa façon, le cinéma de Naruse était optimiste quant à l’infini pouvoir de réaction de l’être humain ? Disons les choses autrement : ses personnages sont des combattants qui se relèvent du tapis sitôt qu’ils le peuvent et ce jusqu’au K.O (et là, rideau). Incarnation la plus marquante des héroïnes narusiennes, Hideko Takamine a joué dans une dizaine de films du maître dont le classique Nuages Flottants qui fait jaillir des torrents de larmes des yeux de Mrs Muir (pour ne pas parler de sa…) Cette actrice au jeu incroyablement moderne – Hideko T., pas Marianne H. - fut une enfant-star vénérée au Japon avant de poursuivre une carrière exigeante dans le cinéma d’auteur entrecoupée de quelques succès pas trop honteux au box-office. Elle est toujours vivante quelque part à Hawaii et, même si elle n’en sait fichtre rien, nous l’admirons follement.

Avec Travail au noir, Skolimowski nous plonge dans la réalité culturelle, politique et économique de 4 ouvriers polonais envoyés à Londres par un patron peu scrupuleux dans le but de retaper "discrètement" une baraque (l’indice 1). Fiction-documentaire, c’est la clandestinité, l’isolement lié au langage – un seul parle anglais –, la précarité économique, la débrouille, le vol, l’abrutissement, la perte des désirs (la question), le Londres individualiste et implacable … A cela vient s’ajouter un coup d’état politique qui ne permet plus aux 4 compères d’infortune de joindre leur famille au pays. Il leur reste juste … l’église, l’alcool … et une bribe de match de foot sur une télé pourrie (savoureux). Tout se déroule sans pathos, amertume ni complaisance, simplement et brutalement, à l’image de ce plongeon en société anonyme. Jeremy Irons est au service du film sans jamais en faire trop. Il est magnifique dans ce rôle de « contre-maître » menteur et voleur (sur l’indice 2 mais aussi sur la question pour ceux et celles qui ont su bien regarder).

Tournée entre 1996 et 2005, la trilogie "Pusher" a renouvelé le film de gangsters avec une puissance étonnante. Au fil de ses trois histoires, Nicolas Winding Refn nous fait découvrir l'envers caché de Copenhague à travers sa pègre. Sans esbroufe ni second degré, le cinéaste nous embarque en compagnie de petits truands, empêtrés dans des combines douteuses et criblés de dettes impossibles à honorer.
Le deuxième volet du cycle est le plus réussi. Pour quelles raisons ? Tout d'abord, parce que Mads Mikkelsen est un acteur extraordinaire. Il incarne Tonny, délinquant notoire déjà croisé dans le premier Pusher, qui passe ici du statut de comparse à celui de rôle principal (on le reconnaît au tatouage "RESPECT" qui orne l'arrière de son crâne (indice n° 2)). Tonny sort de prison et revient auprès de son père, "le Duc", qui dirige un gang de voleurs de voitures. Tonny voudrait faire ses preuves et être intégré dans l'entreprise familiale, mais tout le monde le méprise, à commencer par son père. Le cinéaste suit son personnage dans une série de scènes sans fil narratif apparent : humiliation face à deux prostituées (indice n° 1), petits trafics, mariage sordide de son meilleur ami (image de référence). Tonny est-il pour autant voué à l'échec ? Peut-être pas... une paternité inattendue fait évoluer le personnage et finit par le rendre réellement émouvant. Bien que rattaché au genre policier, le film est plus proche de l'étude sociale et psychologique, notamment grâce à une observation très fine du poids des déterminismes. Plus qu'un bon polar, "Pusher II" est un très beau film.

Un des meilleurs films sur mai 68 fut réalisé par un cinéaste… Suisse. Le point de départ de La salamandre est très simple : un journaliste et un écrivain en panne d’inspiration enquête sur un fait divers auquel est mêlée Rosemonde, une femme assez marginale. Très vite, Tanner abandonne son postulat de départ pour observer son étrange trio ; surtout son héroïne, personnage mystérieux : rebelle et insaisissable.
Film d’une totale liberté, romanesque (une voix off vient ajouter une distance sur les événements) et magnifiquement écrit (les dialogues sont savoureux).
Mais surtout, le film du cinéaste suisse brille par son interprétation. On sent évidemment une osmose parfaite entre les trois acteurs.Bulle Ogier (question et indice 1) offre ici sa meilleure composition et,l’immense Jean-Luc Bideau et le trop rare Jacques Denis (indice 2), sont désarmants de naturel.
Il y a aussi, bien entendu, tout le contexte politique.Critique d’une société où seul l’argent compte. La salamandre est un regard impitoyable sur son époque mais qui,même des années après, garde son charme et son ironie ; la marque des très grands films.

Trois histoires presque parallèles autour d'un hôtel de seconde zone : un couple de jeunes japonais – fans de Elvis Presley – en pèlerinage (l’indice 2), une jeune veuve venue chercher le cercueil de son mari et un groupe de copains éméchés (la question). Les 3 histoires ne se rencontrent pas, ou presque, c’est ce « presque » qui fait tout l’intérêt de les voir réunies au sein du même film. Le film n’existe d’ailleurs pas vraiment par les histoires qu’il raconte, mais par ce qui traverse ces histoires (ou ce que ces histoires traversent) : un hôtel miteux, la ville de Memphis, une rue, l’aboiement d’un chien, le passage d’un train, une émission de radio, Elvis Presley (l’indice 1), un coup de feu, … autant de fantômes peuplant ce film-fantôme. (Qui a dit ce train-fantôme ?)

Bien qu'il ait principalement tourné pour la télévision, Alan Clarke mérite d'être reconnu comme un très grand cinéaste : "Made in Britain", "Christine", "The Firm" ou "Elephant" — inspiration majeure du film homonyme de Gus Van Sant — sont des films inoubliables qui ridiculisent l'aphorisme de François Truffaut sur le cinéma britannique. "Scum", seul long métrage officiel tourné pour le grand écran en 1979, est peut-être son chef-d'oeuvre : cette description clinique et brutale des rapports de pouvoir au sein d'une institution pénitentiaire — il s'agit d'un borstal, prison pour adolescents au Royaume-Uni — analyse de façon magistrale les mécanismes de coercition et la manière abjecte dont on brise des individus sous prétexte de les "rééduquer". Filmé du point de vue des jeunes détenus, le film suit plusieurs personnages : Davis, la victime, jeune homme trop fragile dans cet univers de brutes (Julian Firth) ; Archer, l'intellectuel anarchiste (Mick "I am Happy" Ford, image de référence) ; Carlin, le meneur, (Ray Winstone et ses boules de billard, indice n° 1) ou encore Richards, petite teigne et sosie troublant du Johnny Rotten des Sex Pistols (Phil Daniels). Le film se clôt sur une émeute d'une violence inouïe (indice n° 2), à côté de laquelle les excès de la série "Oz" font figure de gentils enfantillages.

Serais-je moi même si je ne proposais pas à chaque session organisée un téléfilm et un film rock ? Non, hein ? Joy Division de Grant Gee est mon film rock de la session - mais beaucoup d'Idiots qui l'ont adoré sont de tout coeur avec moi. Bon, on va fâcher mais il faut être clair dans la vie (n'est-ce pas, Charlotte ?) : Gee réussit partout où Corbijn se vautre : pas d'esthétisme choupinet, ni de misérabilisme métabolique et sentimental, pas de regard vicié dès le départ (Control était adapté du livre de Mrs Feu Ian Curtis). On peut certainement aider les deux (le Prince Myshkin en est la preuve), mais nous - moi quoi - on préfère Joy Division parce que :
a) le film est le portrait d'une ville, le Manchester eighties qui ferait passer Argenteuil pour Venise (phrase-choc assénée par Bernard Sumner, le guitariste de Joy et le chanteur de New Order : "je n'ai pas vu d'arbre avant l'âge de 10 ans")
b) le film est le portrait d'une époque avec des images d'archives rarissimes
c) le film est le portrait d'un groupe et de tous ce qui fait un groupe (musique, amitiés, bitures, filles) couplé au tragique particulier de la situation familiale, sentimentale, physiologique et psychologique de Ian Curtis. Plus du film : on y voit témoigner la journaliste belge avec qui Curtis eût une liaison, femme à la beauté presque intacte dont chaque parole est l'écho d'une passion encore vivace.
La question - document extraordinaire - était en fait une cassette audio conservée par Barney où l'on pouvait entendre une séance d'hypnose qu'il avait mené sur Curtis.
Pour toutes ces raisons, Joy Divison est l'un des plus beaux documentaires sur le rock que l'on ait pu voir et l'un de nos films préférés de 2009.

Xtof

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Oubliez "Le Dalhia Noir", oubliez "L.A. Confidential", "Dark Blue" est probablement la meilleure adaptation de James Ellroy au cinéma. Tiré d'une nouvelle de l'auteur de "Lune Sanglante", le résultat est d'autant plus surprenante qu'il est l'œuvre de Ron Shelton, réalisateur médiocre que l'on imaginait incapable d'une telle réussite. Le récit se situe en 1992 et utilise en point de départ l'affaire Rodney King. Le procès des policiers du LAPD est sur le point d'aboutir et l'opinion guette le verdict avec inquiétude. L'annonce de l'acquittement provoque une explosion de violence dans le quartier de South Central, déchainement que le film reproduit avec un réalisme effrayant (indice n° 1). En marge de l'Histoire officielle, la fiction démarre d'un simple fait divers : le hold-up d'une épicerie tourne mal et fait quatre victimes (image de référence). Bien que rien ne lie a priori les deux affaires, le film fait apparaître un état de corruption généralisée qui gangrène le corps du système judiciaire. Eldon Perry (étonnant Kurt Russell, indice n° 2) est un officier de police cynique et brutal que l'intrigue va mener à une prise de conscience et un début de rédemption. Très proche dans l'esprit, de la série "The Shield", "Dark Blue" dresse un tableau sans concession du monde de la police et rend un hommage inattendu à l'univers John Carpenter : à travers Kurt Russell, acteur fétiche de l'auteur de "The Fog" mais également dans une description du chaos social qui renvoie directement à "Escape from New York".

Moins réputé que "L'Albatros" ou "Y-a-t-il un Français dans la Salle ?", "Agent Trouble" est pourtant l'un des meilleurs films de Jean-Pierre Mocky. Cinéaste inégal, l'auteur de "Solo" s'est efforcé de livrer une œuvre entièrement maîtrisée et dépourvue de bâclage. Le résultat final est un film policier étonnant, parcouru d'idées de mise en scène à la fois incongrues et géniales (image de référence). L'intrigue — difficile à résumer — tourne autour de la mort d'un groupe de touristes (indice n° 1) et de l'enquête qui s'ensuit. Ménageant un subtil équilibre entre comédie et suspense, "Agent Trouble" rappelle, au passage, que JPM est un excellent directeur d'acteurs. Richard Bohringer en tueur mélancolique, trouve ici l'un de ses plus beaux rôles, mais on retiendra en priorité le duo formé par Tom Novembre et Catherine Deneuve (indice n° 2) : le premier est parfait en anarchiste rêveur et la deuxième incarne de manière inattendue un personnage de vieille fille frigide, démontrant — si besoin était — sa capacité à prendre des risques et son grand talent de comédienne.